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Blogpost
Financer la diversité : un défi pour les investisseurs

Author: Bonnie Chiu, The Social Investment Consultancy (TSIC)

Au vu des problèmes sociaux et environnementaux présents dans les pays africains, du Pacifique et des Caraïbes, l’accès au financement pour les entreprises sociales et inclusives – qui sont bien placées pour répondre à ces problèmes – devient une priorité.

La première revue des investissements sociaux en Afrique Sub-Saharienne, publiée en 2020 par African Venture Philanthropy Association (AVPA)[1], indique que les investissements à but social[2] dans la région ne sont pas à la hauteur de la demande de la part des entreprises sociales et inclusives, et en particulier pour les petites et moyennes entreprises.

D’autres recherches indiquent aussi un manque de capital destiné aux entreprises sociales dans les régions du Pacifique et des Caraïbes. Les deux plus grandes difficultés que rencontrent les entrepreneurs sociaux en Jamaïque sont liées à l’accès au financement : 57% d’entrepreneurs disent que leur dépendance financière aux subventions ou donations est un problème, et 34% d’entre eux indiquent que la difficulté d’obtenir d’autres sources de financement est aussi un défi[3].  Selon le Pacific Readiness for Investment in Social Enterprise (RISE)[4], les entreprises sociales et inclusives dans la région ont un besoin grandissant d’investissements plus flexibles, en particulier pour leur permettre d’accéder à des sommes en dessous de 200,000 EUR.

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Dans notre dernier blog, nous avons présenté la diversité des types d’entreprises sociales et inclusives à travers les pays de l’ACP[5]. Nous avons aussi identifié trois types de barrières à l’accès au financement :

  1. Les entreprises sociales et inclusives font face aux mêmes difficultés que les entreprises à but lucratif. Ces difficultés sont liées au contexte économique, par exemple aux taux d’investissement bas ou à l’instabilité des marchés financiers, ce qui affecte tout particulièrement les PME.
  2. Les entreprises sociales et inclusives font face aux mêmes difficultés que les entreprises à but lucratif, mais ces difficultés sont plus fréquentes ou sévères. La cause de ces problèmes exacerbés peut venir du profil des entreprises sociales. Par exemple, la proportion des entreprises sociales et inclusives dirigées par des femmes est plus grande que pour les entreprises à but lucratif, et les femmes ont plus de difficultés à accéder au financement.
  3. La mission sociale des entreprises sociales et inclusives, ainsi que leurs formes juridiques ou leur gouvernance donnent lieu à des problèmes particuliers, par exemple l’impossibilité d’émettre des actions ou d’accéder à certains types de capitaux.  

Alors que les entreprises sociales et inclusives partagent certaines difficultés avec les organisations à but lucratif, leurs besoins varient aussi considérablement d’une entreprise sociale à l’autre. Notre dernier blog visait à mettre en lumière cette diversité et à la faire reconnaître auprès des investisseurs. Néanmoins, il est évidemment impossible de proposer des arrangements financiers différents pour chaque entreprise sociale. C’est pourquoi il est important d’identifier des solutions qui peuvent être répliquées et utilisées à travers les pays de l’ACP.

Identifier les trois types de barrières à l’accès au financement, ainsi que les éléments qui différencient les entreprises sociales et inclusives les unes des autres, peut nous aider à formuler des solutions qui peuvent être appliquées dans un grand nombre de cas.

Vers des solutions plus appropriées pour les entreprises sociales et inclusives

La Facilité Investment Climate Reform (ICR), à travers son travail, s’attèle à répondre aux trois types de barrières identifiées plus haut. Elle soutient les acteurs publiques et privés dans les pays de l’ACP afin d’améliorer le climat des affaires et investissements. Elle répond aussi aux barrières rencontrées par les entreprises sociales et inclusives en particulier, à travers une série d’évènement digitaux et de recherches.

Afin de mieux comprendre comment répondre aux besoins variés des entreprises sociales et inclusives, nous explorons trois types d’innovations qui ont peur effet de faciliter l’accès au financement : (1) dans le cadre politique / juridique, (2) au niveau des procédés (au sein des organisations financières ou autres entités) ; (3) au niveau des produits financiers.

  1. Cadre politique : quelles mesures peuvent être mises en place pour favoriser les investissements dans les entreprises sociales et inclusives ?  
  2. Produits : existent-ils des produits financiers qui prennent en compte les besoins variés des entreprises sociales et inclusives ? Quels sont ces produits ?
  3. Procédés : existent-ils des procédés (p.ex. crowdfunding)[6] adoptés par les organisations financières pour assurer une répartition équitable du capital entre les entreprises sociales et inclusives ?

A titre d’exemple, Innovations Against Poverty (IAP) fournit une illustration d’innovations à la fois au niveau des produits et des procédés. Financé par Sida (Swedish International Development Cooperation Agency) et dirigé par SNV en partenariat avec BoP Innovation Center et Inclusive Business Sweden, l’IAP met en contact des entreprises sociales et inclusives avec des investisseurs[7]. Elle aide aussi les entreprises à trouver des sources de subventions. Ce procédé fonctionne dans des pays comme l’Éthiopie, l’Uganda et la Zambie. Le but est également de permet aux différents acteurs de partager les risques liés aux investissements.

IAP, tout comme d’autres programmes qui travaillent sur la question des entreprises sociales et inclusives, a participé au développement du « Guide pour la promotion des entreprises inclusives » (Guidelines for the Promotion of Inclusive Business) qui a été adopté par ASEAN en septembre 2020. Le Guide présente 12 mesures, dont deux impactent directement les investisseurs : une de ces mesures promet des avantages aux investisseurs qui fournirait du capital aux entreprises sociales et inclusives ; l’autre permettrait de réduire les risques liés aux investissements.

Une discussion sur ce sujet a eu lieu le 28 janvier 2021, avec les panelistes suivant : Bonnie Chiu (TSIC), Tara Sabre Collier (Shell Foundation), Markus Dietrich (iBAN) and Kevin Burrows (Diomedea Capital Advisors). L'enregistrement de l'événement en anglais est disponible ici.

Pour en savoir plus sur l’assistance fournie par la Facilité ICR, cliquez ici.


[1] avpa.africa/wp-content/uploads/2020/11/AVPA_SSA-Summary_09-11-20.pdf

[2] Investissements dont le but est de générer un impact social et/ou environnemental mesurable en même temps que des retours financiers.

[3] caribbean.britishcouncil.org/sites/default/files/bc_social_enterprise_jamaica_web.pdf

[4] www.pacificrise.org/wp-content/uploads/2020/05/1-Pacific-RISE-Completion-Report-Achievements-and-Lessons-Learned-2016-2019.pdf

[5]  www.icr-facility.eu/knowledge-hub/not-one-size-fits-all

[6] Le crowdfounding es tun thème abordé par ICR

[7] innovationsagainstpoverty.org/investment-matchmaking-support-introducing-iaps-strategic-investments-partners/

La Facilité ICR a soutenu la production de cette publication. La facilité est réalisée avec le soutien financier de l'Union européenne (UE), de l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) dans le cadre du 11e Fonds Européen de Développement (FED), du Ministère Fédéral de la Coopération Économique et du Développement en Allemagne (BMZ) et du British Council. La Facilité ICR est réalisée par  GIZ, le British Council, Expertise France et SNV. Le contenu de la publication relève de la seule responsabilité des auteurs et ne reflète pas nécessairement les vues de l'UE, de l'OACPS, du BMZ ou des partenaires de mise en oeuvre.